Les ouvrages et principes de construction & conception présentés ici sont issus d’un ouvrage “Rainwater Harvesting”, littéralement “Collecte de l’eau de pluie”, écrit par Brad Lancaster. Installé en Arizona, il dédicace sa vie à l’aménagement de quartier et de paysage en vue de pouvoir collecter et utiliser, de manière efficiente, chaque précieuse goutte d’eau.
L’année 2022 est exemplaire par son aridité et les températures enregistrées. Les nappes ne se rechargent plus tant les sols sont, soit de plus en plus urbanisés, soit devenu imperméables par les pratiques de l’agriculture conventionnelle. Les estimations des risques de sécheresses sur les nappes, proposées par le BRGM, indiquent une forte baisse de leur niveau.

Les échanges entre eau souterraine, telles que les nappes ou encore aquifères, et les cours d’eau permettent le maintien des 2 mondes : le monde souterrain et le monde de surface. Ces deux univers sont indissociables. Si les nappes se vident, alors les cours d’eau ne peuvent pas maintenir leur cours lors des épisodes de sécheresses estivaux. Chaque geste réalisé en amont et aux abords des cours d’eau ont un impact sur l’ensemble du cycle hydrique. Chaque geste effectué sur le sol a un impact sur le rechargement possible des nappes.

LA COLLECTE DE L’EAU DE PLUIE
Aussi, au XXIème siècle, les enjeux se renforcent quant à la gestion de l’eau. L’eau bleue ne peut pas être la seule ressource comptabilisée, l’eau verte est à restaurer, à préserver, à maintenir. Les trames ou corridors écologiques sont indispensables pour restaurer le cycle de l’eau verte. Les mycorhizes sont les acteurs principaux du circuit de l’eau verte. Possibles seulement si le sol est poreux, vivant où les minéraux sont en circulation. Sans itinéraire technique, les ouvrages ne permettent d’atteindre que 30% de leur efficacité.
Chaque ouvrage, chaque aménagement doit répondre aux objectifs suivants :
- Ralentir le ruissellement
- Collecter l’eau de pluie
- La stocker là où elle est utile
- L’infiltrer dans les sols
- Hydrater l’ensemble du paysage
LES AVANTAGES DE L’EAU DE PLUIE
La pluie, grêle, neige et neige fondue nous sont offertes gratuitement, éliminant ainsi les coût inhérent à l’installation de système d’irrigation
La pluie est de plus grande qualité en terme de ressource pour l’irrigation
La pluie n’est pas salée et peut nettoyer les racines des excès de minéraux dans les sols alcalins
La pluie est un fertilisant naturel car elle contient du soufre, de l’azote, des micro organismes bénéfiques, des minéraux et des nutriments
La collecte de l’eau de pluie réduit les factures d’eau
La collecte de l’eau de pluie permet de réduire les inondations
La récolte de l’eau de pluie réduit la pollution non ponctuelle des eaux pluviales
La récolte de l’eau de pluie permet d’avoir de l’eau utilisable lorsque les puits, les eaux de surface ou l’eau municipal est polluée
La récolte de l’eau de pluie permet de réduire les pics de demande d’eau durant l’été et la quantité d’eau sale qui a ensuite besoin d’être traitée
Récolter l’eau de pluie est amusant et vous fera danser sous la pluie !
LES 8 PRINCIPES POUR COLLECTER L’EAU DE PLUIE
1. Commencer par une observation longue et complète
Utiliser tous les sens pour voir comment et où l’eau ruisselle. Qu’est ce qui fonctionne, qui ne fonctionne pas ? Construire à partir de ce constat
2. Commencer par le point le plus haut du chemin de ruissellement et descendre progressivement
Commencer par le haut permet une infiltration immédiate et facilite la distribution par gravité. Commencer par le haut permet de mieux gérer l’eau car son volume et son énergie sont plus faible
3. Commencer petit et simplement
Concevoir et construire à échelle humaine permet de pouvoir agir et réparer facilement. Les plus petites stratégies sont plus efficientes que les grandes lorsqu’il s’agit d’infiltrer l’eau dans le sol
4. Ralentir, collecter et répartir l’eau de ruissellement
Encourager l’eau à se rassembler, circuler et ainsi s’infiltrer dans le sol
5. Toujours penser à la circulation du trop plein des ouvrages, et l’utiliser comme une ressource
6. Créer l’effet éponge grâce aux matières organiques
Maximiser la végétation et la couverture du sol afin de créer une éponge organique, cela permet de cultiver des ressources végétales. Le sol sera ainsi plus habilité à infiltrer et restituer régulièrement l’humidité.
7. Faire plus que collecter l’eau de pluie
Maximiser les interactions de manière à les rendre efficiente en mutualisant les fonctions de chaque ouvrage.
8. Observer, analyser et rétroagir continuellement
Observer comment les ouvrages / votre travail agit sur le site, en commençant toujours par le principe 1. Faire les changements qui sont nécessaires, utiliser ces principes pour vous guider
RECOMMANDATIONS
Attention à faire correspondre la quantité de l’eau à récolter (disponible ou nécessaire pour l’usage envisagé) aux stratégies utilisées pour la récolter.
Si vous désirez récolter de l’eau pour l’utiliser au jardin, penser à la collecter et la stocker dans le sol préalablement préparé (micro-porosité, vies du sol présentes, matière organique, couvert, …)
Si votre plan est de collecter l’eau pour un usage d’hygiène (machine à laver, WC, etc…) la stocker dans des citernes/cuves et penser aussi au sol : les trop plein seront redirigés sur le sol. Ainsi une moins grande quantité d’eau pour l’irrigation sera nécessaire d’être stockée.
Une synthèse, traduite en français, avec autorisation de l’auteur, de l’ouvrage «Rainwater Harvesting, vol.2» de Brad Landcaster est disponible au téléchargement ici : https://www.phacelia.fr/_files/ugd/f569a5_fade08ff0c9d43c88d8e8b3b75275f42.pdf
Merci de respecter le travail de l’auteur et de la traductrice, en faisant bon usage de cet ouvrage, autant dans son application que dans sa diffusion.
Pour vous former aux techniques, avec applications sur cas concrets agricoles, n’hésitez pas à consulter les sessions en cours. Toutes les informations sont ici : https://www.hydronomie.fr/formations/