top of page
  • Photo du rédacteurPhacelia Marlène Vissac

RAPPORTS GIEC & COUR DES COMPTES, JOURNÉE MONDIALE DE L'EAU ET SOLUTIONS CONCRÈTES, DU POSITIF !

Quelle journée ce 22 mars ! Journée mondiale de l'eau. Journée d'ouverture de la conférence des nations unies pour l'eau et ses enjeux. Publication de cet article que je travaille depuis des semaines.


La gestion de l'eau en France est inadaptée à la raréfaction de la ressource. C'est en tout cas l'avis que nous partageons à Hydronomie et avis partagé par la Cour des comptes comme l'indique son rapport publié le 10 mars 2023.

Lac Grant - Crédit photo Ross Stone @Unsplash

RAPPORT DE LA COUR DES COMPTES

Pour la Cour des comptes le sujet est grave et critique. Elle précise que « la protection, la mise en valeur et le développement de la ressource utilisable, dans le respect des équilibres naturels, sont d'intérêt général ». En effet, il semblerait que la France ne respecte pas ses propres principes et n'atteint pas non plus le « bon état » qu'impose une directive-cadre européenne, à savoir :

  • 56 % de ses masses d'eau de surface

  • et 33 % des souterraines

Selon la Cour des Compte, la politique de la gestion de l'eau en France se révèle illisible et peu efficace. En cause : la multiplicité des acteurs qui engendre complexité et beaucoup de changements en raison d'une « instabilité législative ». Elle manque de cohérence et peut même s'avérer « contradictoire », jusqu'au gouvernement où s'opposent les attentes des ministres de l'environnement, de l'agriculture, de la santé, de l'industrie et de l'énergie.

D'ores et déjà, sur une partie croissante du territoire, la consommation liée aux différents usages excède, sur des périodes de l'année de plus en plus longues, la capacité des milieux à fournir de l'eau, soulignent les magistrats

Actuellement, la politique nationale de l'eau repose sur une approche par bassins hydrographiques (7 en métropole + la Corse + départements / territoires d'outre-mer). De tailles, de contextes géologiques, climatiques et économiques très différents, une grande partie de ces bassins hydrographiques concernent différentes régions. Cette organisation, établit dans les années 1960, paraît « cohérente avec la réalité physique et géographique », mais elle ne correspond « à aucun découpage administratif du pays ». Une invitation à repenser les territoires selon le concept de bio-régionalisme apparaît comme une évidence indispensable. Sans compter que tout se complexifie à mesure que la ressource devient plus rare, pour des raisons bien connues :

  • changement climatique,

  • déséquilibres entre les prélèvements et les recharges des réserves,

  • pollutions qui affectent 43,3 % des masses d'eau de surface.

Pour la Cour des comptes, il est évident que l'eau est un patrimoine commun de la nation. J'aimerai qu'elle devienne le bien commun de toutes les vies, ne serait-ce pas temps de la considérer enfin comme vitale à toutes les vies ?


Il y a aussi l'échéance du transfert de l'eau prévu pour 2026, où les maires sont contraints, après deux siècles de gestion communale, de céder cette compétences aux communautés de communes. Cet acte est le résultat de plusieurs lois, établies entre 2015 et 2019, qui ont défini les conditions imposées par l'État pour "rationaliser l'éparpillement des bourgs".

Crédit photo Austin Kehmeier @Unsplash

Le ton est donc donné ! 2022 aura mis tout le monde en émoi, il n'a pas fallu attendre la journée mondiale de l'eau de ce jour pour sonner l'alarme. Mais qui écoute encore ? Qui lit encore les tribunes d'alerte ? Qui se déplace encore en conférence ou en formation pour s'empuissancer d'outils et de solutions ?


CONSTATS GIEC

Le 6ème rapport du GIEC est formel la catastrophe est là. Il est temps d'agir maintenant, pour engager une transition qui ne peut plus attendre. Nous vous proposons le lien d'une synthèse de 4 pages disponible ici

Bon, en gros, rien de nouveau sur Terre :

  • LA HAUSSE DE LA TEMPÉRATURE GLOBALE S’EST ENCORE ACCENTUÉE. Il semblerait même que les températures évoquées dans les rapports du GIEC soient en dessous de la réalité. La décennie 2011-2020 est belle et bien la plus chaude depuis environ 125 000 ans. En 2019, la concentration de CO2 dans l’atmosphère a atteint 410 ppm en moyenne, un taux qui n’avait pas été atteint depuis 2 millions d’années. Les scénarios socio-économiques montrent que le niveau de réchauffement global de 1.5°C par rapport à l’ère pré-industrielle sera atteint dès le début des années 2030 (DONC DEMAIN), et ce quels que soient les efforts de réduction immédiate des émissions mondiales de CO2. En effet, il semble que le réchauffement climatique ne soit pas équipé de freinage assisté. Aujourd'hui l'excès de température est d'environ +1,13°C.


  • LES ÉMISSIONS DE GAZ À EFFET DE SERRE CONTINUENT D’AUGMENTER : au cours de la dernière décennie avec en moyenne 56 GtCO2eq par an, mais deux fois moins vite que lors de la décennie précédente. La poursuite des émissions est principalement due au fait que l’amélioration de l’efficacité énergétique n’a pas compensé l’augmentation globale de l’activité dans de nombreux secteurs économiques, les énergies fossiles et l’industrie restant les principales sources d’émissions. 35 à 45% des émissions sont liées à la consommation des 10% de foyers aux plus hauts revenus. LES PLUS RICHES POLLUENT DONC ALLÈGREMENT. La part des émissions attribuées aux zones urbaines augmente, avec 70% en 2020. Le respect de l’objectif de limiter le réchauffement global à 1.5°C nécessite un pic des émissions de CO2 en 2025 au plus tard puis une décroissance jusqu’à atteindre la neutralité carbone en 2050. Ca semble bien compliqué si l'on écoute Aurore Stéphant, Ingénieure géologue minier, spécialisée dans les risques environnementaux et sanitaires des filières minérales.


  • LA VULNÉRABILITÉ DES ÉCOSYSTÈMES ET DES POPULATIONS S’ACCROÎT... Et oui ! Le changement climatique a déjà impacté l’accès à l’eau et à l’alimentation (réduction de la croissance de la productivité agricole sur les 50 dernières années), la santé (augmentation des maladies vectorielles transmises par les moustiques, hausse de la mortalité liée aux vagues de chaleur) et l’activité économique. ET CE MÊME EN FRANCE ! Les effets du changement climatique sont amplifiés dans les villes qui concentrent plus de la moitié de la population mondiale. 3,3 milliards de personnes vivent dans des zones qui sont déjà vulnérables au changement climatique. La vulnérabilité des écosystèmes et des populations diffère certes substantiellement selon les régions, mais impacte toutes les vies sur Terre (PLANÈTE = BOCAL). Entre 2010 et 2020, la mortalité due aux inondations, aux sécheresses et aux tempêtes a été 15 fois supérieure dans les pays très vulnérables par rapport aux pays peu vulnérables.


  • LES IMPACTS VONT S’INTENSIFIER au fur et à mesure du réchauffement mondial. Cela concerne : les extrêmes de températures, l’intensité des précipitations, la sévérité des sécheresses, l’augmentation en fréquence et intensité des évènements climatiques rares, l’accélération de la fonte du permafrost, de la glace de mer en Arctique, des glaciers de montagne et des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique. Les mécanismes naturels d’absorption du carbone seront de moins en moins efficaces. Certaines conséquences du changement climatique, comme la montée du niveau de la mer ou encore la fonte des calottes glaciaires, seront irréversibles pendant des siècles, voire des millénaires. Les risques seront de plus en en plus complexes, combinés, en cascade et difficiles à gérer. Ils vont aussi s’aggraver avec l’augmentation du réchauffement dans toutes les régions du monde, mais surtout dans les plus exposées et vulnérables.


Le rapport du GIEC identifie des seuils de réchauffement provoquant des impacts irréversibles sur la perte de la biodiversité. Certaines limites d’adaptation ont déjà été atteintes, d’autres seront immanquablement atteintes à l’échelle de l’existence humaine.

Et devinez quoi ?

LES POLITIQUES EN PLACE FIN 2020 CONDUIRAIENT À UN RÉCHAUFFEMENT GLOBAL DE 2.4 À 3.5°C D’ICI LA FIN DU SIÈCLE (dans 40 ans en fait !) PAR RAPPORT À L’ÈRE PRÉ-INDUSTRIELLE, AVEC UNE VALEUR MÉDIANE DE 3.2°C.


L'excellent article de Bon pote permet une lecture complète et très compréhensible de ce qui est en jeu pour limiter chaque centième de degré supplémentaire.


Sans compter l'indispensable veille du Réseau action climat, qui propose une lecture synthétique du 6ème rapport avec des solutions concrètes à la portée de toustes.


L’ADAPTATION

Fort heureusement, nombreux sont ceux qui n'ont pas attendu un énième rapport du GIEC pour se relever les manches et parfois même désobéir à l'ordre établi du pouvoir d'achat et de la surconsommation, de l'exploitation des ressources et des vies. Il semblerait que le nombre de mesures d’adaptation a considérablement augmenté depuis 2014, mais de façon inégale et fortement focalisées sur l’eau. BON...TRÈS PEU EN FRANCE !


Ces actions demeurent difficilement évaluables par manque d’indicateurs et de rapportage. Il existe de nombreuses options d’adaptation qui peuvent réduire les risques pour les populations et les écosystèmes :

  • systèmes d’alerte précoce,

  • amélioration de l’irrigation,

  • pratiques agroécologiques,

  • solutions fondées sur la nature (permaculture appliquée)…

Le GIEC appelle donc à mettre en oeuvre des politique de « développement résilient au changement climatique ». Encore cette notion de développement... Qui serait possible à condition de mettre en œuvre, de manière intégrée, des politiques d’adaptation au changement climatique, des politiques de protection de la biodiversité et des écosystèmes ainsi que des politiques de réduction rapide des émissions de gaz à effet de serre.

Je me demande comment cela est possible quand la réaction du gouvernement face au peuple de la Vème république DÉMOCRATIQUE, qui demande une justice fiscale et donc sociale, est violente, très violente de la part des forces de l'ordre...

SOLUTIONS

N'ayant pas les capacités de faire face à la violence, je dédie mes compétences à mes engagements professionnels et politiques. Cela se traduit par l'accompagnement au renouveau agricole. Voici des pistes de solutions, en mesure de venir localement et de façon systémique répondre aux enjeux de ce siècle. Elles sont présentées à partir des propositions faites par le GIEC.


CHANGEMENT ALIMENTATION

VIANDE

Il y a bien un intérêt mondial à réduire la consommation de viande de la part des pays fortement industrialisés et déconnectés des fonctionnements écosystèmiques. Mais pas n'importe quelle viande. Les animaux sont indispensables aux fonctionnements et aux équilibres en mouvement des écosystèmes que nous connaissons et dont nous sommes issus. Par ailleurs, la viande issue de pratiques industrielles où les animaux ont une durée de vie trop courte et passent leur temps à l'intérieur sont une catastrophe sanitaire et climatique.

Image @INRAE

Un animal pâturant dans des prairies permanentes et diversifiées, à flore locale et indigène, suivant les techniques du pâturage tournant dynamique contribue à préserver les prairies qui permettent de séquestrer une quantité importante de carbone et de régénérer des sols capables d'infiltrer les eaux pluviales. Les prairies sont les écosystème en très forte disparition à travers le monde. Soit parce que le monde agricole se retire des espaces naturels pour enfermer ses productions, ce qui entraîne un changement du milieu : au pire monoculture au mieux une forêt. Soit parce que l'espace est dédié à d'autres activités : espace commerciale, de loisirs ou encore industriel. Au grand damne des oiseaux, des batraciens, des insectes et d'autres mammifères SAUVAGES.


Mon travail consiste à étudier des situations de production, d'en établir un constat, un diagnostic puis de proposer des stratégies pour améliorer l'outil de production dans le registre de la résilience hydrique, de la qualité des sols et de la santé des productions. Je mène ces activités depuis bientôt 10 ans et cela à travers la France. J'ai rarement rencontré de sol en bon état et aux besoins nutritifs équilibrés. Un axe de réponse : la séparation entre production végétale et animale. N'oublions pas que les plantes utilisent principalement l'azote sous forme d'uréase pour subvenir à leur besoin en protéines. L'uréase provient de l'urine. Qu'avant de produire de la viande, on cultive de l'herbe. Mais pour cultiver de l'herbe, nous élevons des sols. Les sols sont avant tout vivant, grouillant de micro-organismes. C'est grâce aux micro-organismes que nous sommes humains et en vie, que nos métabolismes fonctionnent et que nous pouvons nous alimenter.


Voici quelques idées fausses sur la viande et l'élevage sont présentées ici. Travail de recherche de l'INRAE.


ASSIETTE ÉQUILIBRÉE & Kcal

Manger cela va dire apporter à notre organisme ce dont il a besoin pour fonctionner dans les meilleures conditions. Il est donc vital pour notre organisme de consommer des protéines, des fibres, des lipides, des vitamines et oligo-éléments, des glucides. En proportion :

  • protéine 1/4,

  • glucides 1/4,

  • fibres 2/4. Les fibres se retrouvent principalement dans les légumes et les fruits, ainsi que dans les céréales complètes.

Ces végétaux sont nos pourvoyeurs de vitamines et oligo-éléments, grâce à l'action de nos micro-organismes (dit microbiote). Les glucides issus des céréales sont vitaux au fonctionnement cérébrale.


En Occident, il est recommandé de consommer 3000 Kcal / jour et par personne. Pour produire ces 3000 Kcal à l'état brut (c'est à dire sans transformation du grain de blé par exemple en pâte), il faut environ 3000L d'eau. Donc 3000L d'eau / pers. / jour. A cela doit se rajouter l'eau nécessaire à la transformation, au conditionnement, au transport, à la cuisine et enfin à la vaisselle. Nous sommes donc plutôt aux environs des 5000 à 6000 L d'eau / pers. et par jour en Occident rien que pour nous nourrir. A cela se rajoutera l'eau de toilette, d'abreuvement, celle utilisée pour confectionner les vêtements et les outils technologiques que nous utilisons quotidiennement.


Revenons à l'alimentation. Voici un tableau présentant la productivité de l'eau en fonction de certaines productions. Celleux qui lisent fidèlement les articles publiés ici le connaissent déjà.

Et oui, je rêve d'une agriculture qui parlerait de Kcal / € et non plus Kg / € ! Et il s'avère que cette "utopie" est loin d'être irréaliste. En effet, si des changements alimentaires sont à opérer rapidement, des changements de productions doivent l'être. Cette transition est riche de créativité, de renouvellement, d'échanges et d'évolution technique : échanges autour des pratiques du Sud vers les territoires du Nord, innovations dans les pratiques culturales et les itinéraires techniques, travailler avec des semences paysannes et dites populations...


Prenons l'exemple du blé qui a besoin d'environ 1150L d'eau pour produire 1kg de grain. Ce volume d'eau est principalement issu des précipitations hivernales puisque le blé est une céréales d'hiver. Or, ces précipitations sur bien des territoires français notamment, ne sont plus au rendez-vous. Avons nous les capacités d'irriguer le blé ? ABSOLUMENT PAS ! Je me permets de rappeler qu'en mars 2023, plusieurs dizaines de communes sont en restriction d'eau, que nous sommes en pleine sécheresse depuis printemps 2022 et démarrons l'année avec un déficit de 80% de recharge des nappes en métropole. Sans compter que ce volume d'eau de 1150L d'eau / Kg de blé ne suffit pas pour le rendre appétant et l'amener dans nos assiettes ou boulangerie.


Pour continuer de consommer du blé : gestion des flux obligatoires pour drastiquement limiter le gaspillage alimentaire OU se restreindre à une portion quotidienne / personne. Quelques chiffres du gaspillage alimentaire selon une étude de l'ADEME :

  • 32 % en phase de production ;

  • 21 % en phase de transformation ;

  • 14 % en phase de distribution ;

  • 33 % en phase de consommation.

Quid de l'amaranthe, de l'épeautre, du sorgho, du millet, de l'avoine. Certes la culture de la baguette française est menacée. Mais je préfère 1000 fois des dizaines de musées de la baguette et des galettes à table qu'avoir faim et ne pouvoir boire quand j'ai soif. Bien sûr que je préfèrerai éviter ce choix mais en avons nous un autre ? Au regard des différents rapports il semble clairement que non... Entre confort et besoins vitaux, il faut à présent se positionner car l'eau douce disponible pour les activités humaines est en péril. Elle ne représente que 0,0012% sur la planète.


L'EAU VIRTUELLE

En Espagne, le potager de l'Europe est en train d'assécher son plus grand fleuve le Tage, ainsi que les cours d'eau et les lacs connectés au Tage. Deux énormes tubes pompent chaque années DES MILLIARDS de litres d'eau pour arroser les cultures intensives de la zone d'Alicante, Murcie et Almeria, dans le sud du pays. Aujourd'hui, ces régions alimentent les supermarchés du contient Européen en fruits et légumes été comme hiver à des prix malheureusement imbattables mais lourds de stigmates de cette nouvelles forme de colonisation. 25% légumes et 71% fruits ont été cultivés ici selon le syndicat central des irriguants de l'aqueduc Tage-Segura.


L'Espagne de Franco a érigé, dès les années 1950, une série de barrages pour inonder plusieurs vallées sur le cours d'eau du Tage, afin de soutenir les nouveaux besoins en eaux de l'agriculture irriguée et de la consommation des habitants. Ce réseau de gigantesques lacs artificiels ne suffit plus tant les prélèvements et l'évaporation sont conséquents, les précipitations en fortes baisses. Dans le haut cours du Tage, la diminution moyenne des entrées observées est de prés de 50%.

Crédit photo Redcharlie @Unsplash

L'Espagne est devenu un pays sec, très sec, avec 74% de son territoire en risque de désertification. Continuer de consommer selon des habitudes vieilles de 40 ans assèche, brûle, désertifie, exploite des territoires nationaux, européens et mondiaux. Au lourd prix de constituer les conditions d'une planète inhabitable.


Est appelée « eau virtuelle » l'ensemble des consommations d'eau nécessaire pour produire des biens exportables dans un endroit et consommée « virtuellement » dans un autre espace.


LA RÉUT

Terme qui définit la réutilisation de l'eau dès sa sortie de station d'épuration (STEP). Il s'agit d'un levier pour subvenir à certains besoins face à des sécheresses de plus en plus fortes et étalées.

En France, d'après le ministère de la transition écologique, c'est moins de 1% des eaux dites usées qui sont réutilisées. Les 99% restant sont nécessairement relachées dans les milieux naturels aquatiques d'eau douce afin d'en soutenir les débits d'étiage. Car, encore une fois, nos prélèvements sont supérieurs aux capacités de recharges des nappes et des cours d'eau, les lieux de nos prélèvements.


Qu'en est il des eaux réutilisées en littorales ? Et bien elles pourraient tout à fait être réutilisées localement puisque cette eau douce est rejetée, après traitement, dans l'eau salée (mer ou océan). Selon Nassim Ait Mouheb (chercheur à l'INRAE et coordinateur de la plateforme expérimentale de Réut pour les territoires de Murviel-lès-Montpellier , la réut est avant tout contextuelle. Les facteurs écologiques, techniques et économiques sont à considérer pour en déterminer la faisabilité. Le coût d'un traitement renforcé nécessaire pour réemployer l'eau en sortie de STEP est important, aussi la taille de la STEP et les volumes traités ainsi que les besoins à proximité sont à étudier. Analyser, traiter et canaliser de l'eau pour irriguer 1 ha n'est pas envisageable tant les coûts sont conséquents. A croire donc que les enjeux de sécheresse sont inférieurs aux nombreux fonds à soulever. C'est vrai que l'évasion fiscale ou l'enrichissement de GAFAM ne constituent pas un stock de fonds à mobiliser pour soutenir les besoins d'une population.


Pour ce chercheur, la Réut ne pourra pas soutenir les cultures agricoles très gourmandes en eau, telles que nos paysages nous ont habitué. 67% des français sondés lors d'une étude du CIEAU, jugent nécessaire d'investir dans des technologies permettant de conserver le même confort d'usage de l'eau. Il est connu que des technologies produisant de l'eau douce consommable innondent le marché.


Un projet de Réut est en cours dans le cadre du programme Jourdain, pour la commune des Sables d'Olonne en Vendée. Ce territoire n'ayant pas de nappes importantes, et voyant sa population doublée en période estivale (Ah les joies du tourisme !), il semble donc primordial pour cette commune de se tourner vers des alternatives pour continuer de vivre du tourisme tout en assurant les besoins en adductions des habitants. L'eau sortie de STEP est dirigée vers une station d'affinage pour ensuite remonter par canalisation spécifique dans une retenue et enfin être disponible pour les robinets d'une vingtaine de communes limitrophes.


Selon le rapport de 2020 de Catherine Franck-Neel 58 cas de réutilisation d'eaux usées traitées en STEP urbaines concernent l'arrosage de culture (34) et des golfs (15) (Ben oui, faut pas déconner !). En 2020, sur la commune de Ste Maxime, sur les 25 cas de Réut en projet, 9 étaient destinés à l'arrosage des Green et 2 pour les besoins agricoles.


Voyons quels pourraient être les usages de l'eau dite Réut et ainsi économiser les prélèvements d'eau douce :

  • Nettoyage de la voirie

  • Gestion des incendies

  • Nettoyages des véhicules

  • Refroidissement de matériel industriel

Figurez vous que depuis 2022, un décret autorise la recharge artificielle des nappes avec de l'eau de Réut... Quid de la qualité de l'eau en terme de pathogène, d'agents polluants...

Crédit photo Anderson Rian @Unsplash

AMÉNAGEMENT DES OUTILS DE PRODUCTION

INTÉGRER L'ARBRE

Faire cohabiter habilement l'arbre avec une zone de production agricole s'appelle de l'agroforesterie. Cela peut ensuite être décliné à différentes échelles et pour différents usages : jardin-forêt, maraîchage en peupleraie, alignement intraparcellaire, sur motif Keyline©, haies multiétagées (synthropie), en motif savane, en bosquet ensauvager par régénération naturelle assistée (RNA)...


Avant de planter l'arbre, quelques notions sont à considérer :

  • Que se passe-t-il sous l'arbre ? La réponse vous permettra de définir quelle taille / gabarit d'arbre est envisageable : haute tige / haut jet, moyenne tige / moyen jet jet ou basse tige / buisson. Le dénivelé vous indiquera la direction possible d'implantation.

  • Que se passe-t-il autour de l'arbre ? En fonction des données concernant le climat, la présence de vent violent, des marques de forte érosion, de poche de gel tardive, de belle condensation estivale (très bon signe !), du ruissellement d'effluent pollué, l'inventaire des arbres présents spontanément, un voisinage qui ne veut pas être ombragé (tant pis pour elle / lui), une zone humide en aval, des corridors écologiques .... Sont autant de données à considérer et qui vous permettront de définir les enjeux à relever, donc le motif d'implantation : haies, bosquet, alignement, motif keyline©....

  • Quel sol est présent ? Indispensable pour déterminer l'espèce, le porte-greffe et les préparations de sol nécessaire pour assurer la reprise d'un arbre robuste et non assisté par l'humain et son inévitable besoin d'IRRIGUER alors que les poches sont VIDES ! Mais dites moi, qui a arrosé la forêt ?

  • Que se passe-t-il sur l'arbre ? Entendu quelle valorisation vous envisagez : bois énergie, bois oeuvre, soutien à la biodiversité, fourrage animal, alimentation humaine... Ces réponses vous permettront de finaliser les espèces, les variétés et les calendriers de production.

Les indications phytosociologiques, issues par exemple de la banque de données SOPHY sont des paramètres qui permettent de déterminer quelles sont les espèces pouvant être soutenues par les espèces déjà présentes dans ou autour de l'agrosystème. Les indications phytosociologiques permettent de définir les communautés de plantes pertinentes à implanter ensembles, en fonction des phytotypes qui sont les conditions topo-pédo-climatiques de prédilection.


Pour s'assurer que la rusticité des espèces sélectionnées est compatible avec les conditions climatiques, il est nécessaire de connaître l'échelle de rusticité ou le gradient USDA des végétaux en question. Une zone de rusticité est une zone géographique dans laquelle une catégorie spécifique de plante est capable de vivre, c’est-à-dire de supporter les températures minimales hivernales de cette zone. Le système le plus communément utilisé est appelé système USDA. L'échelle de zone va de 1 à 10, elle a été créée par le département de l'agriculture des Etats Unis (USDA).


En plein réchauffement climatique, il convient de lever le nez de notre territoire et de regarder les zones de rusticité situées plus au sud et similaires à notre territoire. En 2016, le CNRS a publié une étude traitant de la dette climatique avec des empatements de plusieurs centaines de Km. C'est à dire que le réchauffement est plus brutale que la végétation a le temps de migrer en zone propice à ses conditions favorables de vie. Les végétaux des forêts françaises résistent plus qu'elles ne migrent. Cette dette climatique en 2016 était de 250 Km, aujourd'hui elle est estimé à 400 km.

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Hardiness_zones_of_Europe.jpg

En 2022, beaucoup d'arbres des forêts françaises ont été victimes d'embolie. L'embolie gazeuse représente une des causes principales de la mortalité des arbres lors de sécheresses sévères. L'embolie gazeuse est une conséquence de la cavitation, c'est-à-dire une entrée d'air dans le circuit de circulation d'eau des arbres, ce qui entraîne la rupture de ce circuit.


Le phénomène de l’embolie gazeuse est chez les arbres lié au fonctionnement très particulier de leur système hydraulique : l’eau circule dans les canaux du xylème, depuis les racines vers les feuilles, et ce transport ascendant est entretenu, contre la gravité, par la transpiration au niveau des feuilles, qui crée une aspiration de l’eau. La colonne d’eau dans les conduits hydrauliques, ainsi « tirée » depuis le haut, est ainsi comparable à une corde en tension. Cette tension est considérée à une résistance électrique. En cas de sécheresse grave ou prolongée, la tension augmente et de l’air peut pénétrer dans le réseau hydraulique dont les canaux se vident rapidement de leur eau. C’est la rupture de la colonne d’eau ! Cette bulle d’air peut ensuite se propager à d’autres canaux voisins par des ouvertures microscopiques situées dans leur paroi cellulaire : les ponctuations. Ce phénomène peut être grave, car la rupture d’une colonne d’eau signifie qu’elle n’est plus en mesure de conduire la sève brute vers les feuilles. Un trop grand nombre de canaux embolisés peut donc conduire à la mort de l’arbre.


ÉLEVER DES SOLS POUR CULTIVER L'EAU VERTE ET RESTAURER L'EAU BLEUE

Par ses capacités de stockage de carbone (qui agit comme une éponge, retenant humidité, éléments nutritifs et micro-organismes), le sol est un levier majeur pour s’adapter et atténuer le changement climatique. C’est le milieu nourricier des plantes et leur réserve d’eau. L'eau dans le sol est présente sous 2 formes principales :

  • l'eau gravitaire : constituée par les premières eaux de pluie, qui vont s'écouler de façon verticale jusqu'au sol imperméable et ainsi assurer le rechargement des nappes.

  • l'eau capillaire : est le restant de l'eau de pluie évacuée gravitairement. C'est grâce aux propriétés physiques de l'eau qu'elle va pouvoir d'accrocher aux particules de sol, par la tension superficielle de l'eau. Cette eau capillaire constitue le réservoir utile du sol, dernière eau disponible pour les plantes lorsque les précipitations sont absentes.

L’eau « verte » est l’eau stockée dans le sol et la biomasse, c’est aussi l’eau évaporée ou absorbée et évapotranspirée par les plantes et retourne directement à l’atmosphère. Cette masse d’eau est de loin la plus grande quantité sur Terre, puisqu’elle totalise 60% de la masse des précipitations. Si le sol est vivant, poreux, avec un taux de matière organique suffisant (à partir de 2% sur une grande majorité de sol, hors sol très argileux) et qu'il est couvert par une végétation alors l'eau verte va pouvoir se transformer en eau bleue par le simple fait de la photosynthèse. L'eau verte issue de l'évapotranspiration constitue 64% des précipitations continentales.

L’eau « bleue » est donc l’eau qui transite rapidement vers et dans les cours d’eau, les lacs, les nappes phréatiques ; elle représente environ 40% de la masse totale des précipitations. L’eau bleue peut être transformée en eau verte par une irrigation bien maîtrisée et si les cultures se développent sur sol vivant.

Pour des sols vivants il est indispensable de faire à partir de sa texture immuable, une structure grumeleuse dont les agrégats permettent la circulation de l'air et de l'eau. Ici la vie pourra se développer et entretenir la vie.

Lorsqu’une grande sécheresse du sol ou de l’air se prolonge, les plantes déclenchent d’autres réponses, dont la plus visible est un ralentissement de la croissance des feuilles, un flétrissement, un repli voir une perte de celles-ci. Ainsi elles réduisent les surfaces de déperdition de l’eau. Les racines et les mycorhizes adaptent alors leurs croissances en fonction de la disponibilité de l’eau dans le sol. Plusieurs expériences scientifiques ont démontré qu’en contexte complètement contrôlé (serre mobile), une génération de céréales (même variété, même période de semis et même conduite technique) ne met pas en place la même stratégie. Certains plants restreignent leur activité pour minimiser les déperditions d’eau, tandis que des plants développaient des concurrences racinaires et mycorhiziennes très fortes pour augmenter leur surface de prospection et maintenir leur activité à leur comble. Chaque individu de plant développe sa propre stratégie.


Les mycorhizes sont essentielles à 98% des végétaux terrestres. Les associations mycorhiziennes sont les constituantes des trames d'hyperfluidité. Ces trames d'hyperfluidité correspondent aux connexion entre sol, eau capillaire, racines et exsudats, champignons mycorhiziens et zones d'humidité. Là où les connexions sont établies avec un sol poreux et vivant, le maillage et la circulation de l'eau capillaire sont si forts que les écosystèmes et modèles culturaux supportent la sécheresse. Surtout si les associations mycorhiziennes sont endomycorhizes - arbusculaire.

Un écologiste et mathématicien de l'Université de Stellenbosch, le professeur Cang Hui, a fait partie d'une équipe internationale de plus de 200 scientifiques qui ont généré une carte mondiale en 2019, impliquant plus de 31 millions d'arbres et 28 000 espèces d'arbres, qui révèle la relation symbiotique entre les arbres et les champignons à l'échelle mondiale.

Grâce à ce travail remarquable, il est facile de constater que les associations mycorhiziennes capables de supporter de forts contrastes hydriques et d'importantes chaleurs sont les relations endomycorhiziennes - arbusculaires (planisphère de gauche), plus développées dans les régions sub-désertiques à tropicales. Une grande famille connue chez nous est en association avec ces champignons mycorhiziens : les rosacées. Les vignes, l'ajonc, l'if commun, l'orme, les maronniers d'inde sont autant d'espèces concernées par ces relations endomycorhiziennes.

Image issue du Sentinelhub playground, prise en novembre 2021 dans le Lot & Garonne. Traitement de l'image en SWIR.

Le sentinel Hub playground est un outil satellitaire utilisé en agriculture de précision pour piloter le vivant depuis le ciel... Ici, il est question de l'utiliser comme outil d'étude de site pour traiter les données afin de poser un diagnostic et établir une stratégie. Les mesures infrarouges à ondes courtes (SWIR) peuvent aider à estimer la quantité d’eau présente dans les plantes et le sol, car l’eau absorbe les longueurs d’onde SWIR. Dans ce composite, la végétation apparaît dans des tons de vert, les sols et les zones bâties sont dans diverses nuances de brun et l’eau apparaît en noir. Plus les verts sont puissants, plus l'eau est présente. Les sols très bruns indiquent un absence quasi totale d'eau. Pourtant, à cette période un semis d'engrais vert a été effectué et les pluies automnales (presque regrettées depuis 2022) étaient bien présentes. D'autres parcelles de grandes cultures se situent autour de la zone quasi désertique, et sont connectées aux écosystèmes par les trames d'hyperfluidité qui permettent de maintenir une humidité conséquente.


Il ne s'agit donc pas de recevoir de l'eau pour être en capacité de la valoriser à destination des cultures. En voici une preuve : l'eau est présente mais sur un sol mort et compact elle ne peut pas être mobilisée pour et par la vie.


Un complément pour affiner l'intégration de l'arbre dans les paysages agricoles. Un outil supplémentaire pour établir des relations naturelles bénéfiques à l'hydratation des paysages. Pour peu que l'humain accepte de "seulement" jouer les chef.fe.s d'orchestre.


CONCLUSIONS

Des solutions il en existe des dizaines, nous les connaissons et certaines sont aussi simple que planter un arbre ou laisser tranquille une prairie, arrêter les biocides... Il nous faut implanter toutes nos idées, avec réflexions analytiques et approche systémique bien sûr, mais ne plus attendre d'exemples et la preuve par A + B du concept, car les conséquences sont tout bonnement : UNE PLANÈTE INHABITABLE. Alors quel est le risque d'essayer d'améliorer une situation aujourd’hui catastrophique ?

 

Pour engager une transition chez vous, renseigner vous sur notre programme d'accompagnement et nos formations-action, ici toutes les sessions prévues pour 2023.

bottom of page