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Photo du rédacteurPhacelia Marlène Vissac

L’EAU - Guerre ou changement de paradigme ?

Il est question de l’état écologique de l’eau de surface et souterraine.

Il est question des usages de l’eau dans l’agriculture, actuelle et une invitation à celle de demain.

Il est question des enjeux qui sont de plus en plus nombreux & complexes, où les acteurices engagé.e.s souhaitent voir évoluer les gouvernances vers plus de transdisciplinarité afin d'éviter l'inévitable guerre de l'eau.


L'anomalie des décharges parle des prélèvements massifs faits sur les nappes et les cours d'eau. Ces derniers ne pouvaient alors plus se recharger car le niveaux des nappes étaient trop basses.
Les anomales de décharges des cours d'eau en Europe - Période juin à août 2022

L’eau est un bien commun, une ressource vitale à toutes les vies sur Terre. Pourtant, les démarches de gestion employées depuis les dernières décennies ont été menées par une approche colonialiste, où les situations de crises ne font qu'augmenter jusqu'à une guerre de l'eau dans bon nombres de départements en France. La transdisciplinarité est de mise pour considérer les enjeux dans un ensemble constitué de multiples éléments, d'apporter des solutions concrètes et applicables rapidement, afin de préserver l'eau le bien commun à toutes les vies.


Il s’avère que non seulement les activités humaines, trop consommatrices, arrivent à la limite du supportable par les ressources existantes ; et que les vies non humaines sont trop exclues de l’accès naturel de l’eau, pour s’y reproduire, boire ou manger.


Hydronomie défend et invite à une gestion holistique pour l’installation d'agroécosystèmes et le développement de paysages résilients.

Les veines de la vie : les rivières colorisées par leur appartenance au bassin versant qu'elles sculptent.
Rivières et bassins versant Européens - Grass hopper geography

Le climat est un facteur que l’on ne maîtrise pas, il est le maître du jeu. Aussi, les précipitations ne sont pas pilotables. Leur volume et saisonnalité sont imprévisibles, non contrôlables, et les aléas climatiques du XXIème siècle nous amènent vers plus d’inconnues. Nous cherchons l’eau quand elle se fait rare, pour la drainer lorsqu’elle est de trop. Cette gestion n’est plus soutenable, l’a-t-elle déjà été ?


Depuis le néolithique nous nous efforçons, en tant qu’humain, a domestiquer, coloniser, dénaturaliser, bouleverser les paysages et les écosystèmes à nos propres fins. Aujourd’hui plus que jamais, il est l’heure de prendre part aux écosystèmes, dont nous sommes dépendants, de façon à interagir avec eux sans prélever à outrance, sans implanter coûte que coûte ce dont nous croyons avoir besoin.


Continuer, dans les tempêtes climatiques actuelles, de consommer, cultiver et prélever les ressources nous amènent inexorablement dans le mur. Emportant avec nous bons nombres de vies innocentes et témoins de ces abus.

Litre d'eau nécessaire pour produire un kg de produit brut.
Productivité nutritionnelle de l'eau de quelques aliments

Ce tableau permet de mettre en évidence les volumes nécessaires pour produire un kg de produit brut. Tous les volumes d'eau ne sont pas issus de l'eau d'irrigation. Il s'agit des volumes moyens nécessaires pour produire le produit brut tel que le marché l'impose dans nos sociétés où nous considérons l'alimentation avec un ration kg / € et non pas par Kcal / € par exemple. À. savoir qu'en occident il est recommandé de consommer 3000 kcal / pers / jour. Et que pour produire 1 kcal il faut en moyenne 1 l d'eau. Ce qui représente 3000 L d'eau / pers. / jour. Sans compter les volumes nécessaires à la transformation, au conditionnement, au transport et à la préparation culinaire.


Il est devenu plus que compliqué pour de nombreux acteurices du secteur agricole et paysan, de subvenir aux besoins en eau pour assurer les productions. Malheureusement l'année 2022 ne sera pas unique en son genre. Février 2023 est le plus sec jamais enregistré... L'état des nappes est aussi bas qu'en fin d'automne tant les pluies ont manqué et les sols non poreux.


Prenons les exemples suivant :

  • L’élevage de vaches laitières, aux races non adaptées aux conditions topo-pédo-climatiques demande d'important volume d'eau pour l'abreuvement surtout dans des systèmes non adaptés à leur éthologie (sans ombre, sans alimentation fraîche et humide une grande partie de l’année, avec une exigence de production élevée, etc...). Ce système entraîne inévitablement d'énormes prélèvements d’eau que beaucoup de biorégions ne peuvent plus assurer (aléas climatiques, gestion transversale, immobilité politique, géologie, topographie, hydrologie, etc). C’est le cas du Puy de Dôme et du Jura, où les quotas d’eau baisse d’année en année imposant aux éleveuz de réduire les troupeaux. Les espaces nécessaires pour construire des réserves collinaires capables de recueillir l’eau pluviale est impensable tant les paysages sont découpés, les coûts colossaux, les acteurices peu accompagné.e.s pour établir une gestion transdisciplinaire. Alors, pourquoi ne pas faire évoluer les pratiques agricoles, les choix culturaux, les itinéraires techniques, les aménagements des agroécosystèmes en s'adaptant aux ressources présentes, en incluant les volumes à partager ?


  • Le maraîchage est réputé peu gourmand en eau, et permet à de nombreuz futur.e.s paysan.ne.s de s’installer sur les petites surfaces encore disponibles. Ces petites surfaces entraînent inévitablement le choix cultural de produire des légumes à forte rentabilité : tomates & autres solanacées sous serre, légumes primeurs sous serre. C’est aussi les demandes des client.e.s. Or ces choix culturaux et itinéraires techniques exigent un volume d’eau important. Abîmant de fait les sols, entraînant le développement des parasites et les faiblesses immunitaires, donc l'apparition de maladies. Les petites surfaces ne peuvent pas se permettre, dans ces conditions, de dédier un espace pour accueillir des réserves d’eau pluviale. Les choix se portent sur les forages à plusieurs dizaines de mètres, parfois une centaine, ponctionnant les eaux millénaires potables. Qu’en est-il de favoriser des productions adaptées aux ressources présentes, à partager, des conditions topographiques, climatiques et hydriques ?

Les évolutions culturales ne peuvent se faire sans le soutien des citoyen.ne.s / consommateurices. faire de lance de nos sociétés, bases de tout système. C’est pour cela que j’invite et appelle à un éveil, pour une consommation consciente. L’eau est trop précieuse pour se passer d’agir et de choisir en connaissance de cause. L’ignorance n’est plus une excuse, les données sont là.


La gestion de l’eau en France est très hiérarchisée, où l’on trouve différents étages de gouvernance : nationale, européenne, locale, intercommunale, municipale. Sans associer pour autant les acteurices concerné.e.s : agriculteurices, paysan.ne.s, consommateurices, écologistes, urbanistes, etc... Les directives sont nombreuses, les lois forment un épais tissu et les enjeux se compliquent. Une ressource planétaire (car nous sommes toustes embarqué.e.s dans le même bocal qu’est la Terre), dont toutes les vies dépendent doit être gérée de façon transdisciplinaire, où les paramètres et facteurs sont considérés sans autre intérêt que d’assurer la disponibilité de l’eau pour toutes les vies.


Et en tant qu’humain, à l’échelle individuelle et communautaire, en ce qui concerne notre consommation, notre approche, notre sensibilité à l’eau et aux ressources naturelles, nous devons, pour notre survie, engager un changement de paradigme où notre appréhension du vivant et des ressources ne serait plus dominante et ne se résumerait pas à une valeur monétaire ou de pouvoir, mais une approche consciente et raisonnable, où la notion de bien commun est au coeur de nos visions, de nos approches, de nos systèmes, de nos interactions intra et inter espèces, de nos éthiques.


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